Meubles et toxicité
Image: www.stoly.fr
La maison une troisième peau
L’Homme est entouré de trois couches : Sa peau, ses vêtements et les murs de la maison qui l’entourent. Cette citation du peintre et Architecte Allemand Hundertwasser peut surprendre, car elle met l’accent sur une troisième enveloppe qui de par sa distance et sa nature nous semble ordinairement distincte de nous.
Notre habitat a pourtant un impact important sur notre santé. Au moins dans 45% de notre temps, nous respirons les émanations de la peinture de nos murs, de nos sols, les moindres résidus de poussière sur nos tapis, les composants de nos isolations et de notre mobilier. Il est donc nécessaire de s’interroger sur cet habitacle qui nous accompagne tout au long de notre vie. Il m’est arrivé quelques fois dans des voyages ou déménagements de me retrouver dans des situations où j’éternuais fréquemment sans identifier la cause du problème.
Il s’avérait qu’après plusieurs grands ménages intensifs, le problème n’était pas définitivement réglé car il résidait dans la composition même de l’espace ! En 2014, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) évaluait à pas loin de 20.000 par an le nombre de décès prématurés provoqués par les polluants de l’air intérieur. L’air que nous respirons chez nous serait donc de moins bonne qualité que celui que nous respirons à l’extérieur. En résumé, notre appartement est plus pollué qu’une autoroute !
Ces composants, en plus d’avoir un impact négatif sur notre santé, ont également des conséquences néfastes sur l’environnement en phase de production. Dans cet article, je vais cibler le cas du mobilier. Pour sa production, on peut lister de manière non exhaustive, les principales problématiques suivantes :
Une utilisation Abusive ou/et illégale des matériaux
C’est le cas de nombreux bois tropicaux à l’exemple du Teck dont l’exploitation en Asie se fait au détriment de la population locale, de l’environnement et au profit de réseaux mafieux. En 2007, le World Wildlife Fund (WWF) estimait que 40% des grumes tropicales importées en France étaient illégales. Cette déforestation cause des ravages importants, faisant disparaître des millions d’hectares de forêt. La déforestation multiplie les risques d’inondations car sans les arbres, les sols se gorgent d’eau et des coulées de boue peuvent en résulter, mettant en danger les villages environnants. Cette déforestation augmente également le taux de gaz à effet de serre et prive de nombreux individus et êtres vivants au sens large, de leur lieu d’habitation.
La présence de composants toxiques dans les meubles
L’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire a identifié exactement 31 Composés Organiques Volatils (COV) « prioritaires », c’est-à-dire classés cancérogènes, mutagènes et/ou neurotoxiques depuis 2008, issus du mobilier. Le plus dangereux d’entre eux est le formaldéhyde. Ce dernier est présent dans de nombreuses substances issues de l’industrie pétrolière.
En ennemie numéro 1, nous avons donc les meubles en plastique, mais comme ce serait trop facile, nous devons également passer notre mobilier en bois à la loupe. En effet, la majorité des meubles vendus par les grandes enseignes d’ameublement sont fabriqués avec des panneaux de bois reconstitués (contreplaqué, aggloméré, MDF ou medium, OSB…) Or, il s’agit d’une matière composée de morceaux de bois de récupération (sciures ou déchets de scieries) et de colle contenant des solvants, donc de formaldéhydes. Et comme si ça ne suffisait pas, ces meubles sont recouverts de laques de finition, peintures contenant des COV ainsi que des traitements contre les insectes ou les acariens. Les matières textiles ne sont pas épargnées non plus par ces produits chimiques, qui assurent longévité et coloration aux meubles.
Jusqu’à présent, aucune législation n’obligeait les marques à réévaluer leur production pour des disposions plus éthiques. Mais depuis 2020, un nouveau décret est entré en vigueur, en fixant son champ d’application sur les produits d’ameublement contenant des panneaux à base de bois, principaux émetteurs de formaldéhyde. Cette réglementation s’applique uniquement aux éléments d’ameublement neufs (meubles et agencements), avec une entrée en vigueur au 1er janvier 2020 pour les produits mis sur le marché après cette date. L’étiquetage informera du niveau d’émission de formaldéhyde dans l’air intérieur sur une échelle allant toujours de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions).
Comment et où choisir ses meubles ?
Plusieurs options s’offrent à nous en fonction de notre budget, pour vivre dans un environnement plus sain.
Les solutions économiques
- Privilégier des meubles de seconde main, les COV y seront beaucoup moins présents, l’impact sera donc moindre sur notre santé. On se tournera alors vers leboncoin.fr, le groupe wanted community sur Facebook, Facebook Market place, Emmaüs et les ressourceries et recycleries autour de chez vous. Enfin, il existe de nombreux sites de brocante en ligne : Une hirondelle dans les tiroirs, la lune ou mon préféré, Selency my BrocanteLab. Là encore, on privilégiera des meubles non relookés, qui risquent d’avoir repris une petite dose de COV tout chaud dans leur peinture.
- Faire son propre mobilier. Cette option demande d’être un peu bricoleur. Si ce n’est pas votre cas, elle pourra poser quelques difficultés. Toutefois, des réseaux d’espace de coworking se sont développés dans les villes françaises permettant à ceux manquant d’expérience et d’équipement de se faire épauler et guider. On notera Letablisienne, (près de Nation), Le réseau de Fablabs, Wecandoo ou les Ateliers Chutes libres qui s’organisent autour du réemploi de chutes de bois.
Des solutions moins économiques
- On dit next à Ikea en premier choix et on fait la chasse aux matériaux locaux, labélisés ou recyclés et bruts ou traités avec des procédés écologiques. Cela concerne principalement le bois qui est souvent issu de forêts tropicales surexploitées comme évoqué précédemment. On s’intéressera donc au bois propre à sa région, on vérifiera qu’il est labelisé FSC (Forest Stewardship Council), FSC 100% de préférence ou PEFC (Pan European Forest Certification). Ces éco-certifications garantissent que la forêt d’extraction est gérée de façon responsable, afin de limiter la déforestation. Ces labels ne sont pas une garantie totale mais ce sont les seules.
Elles constituent donc un critère minimum. L’organisation GreenPeace a privilégié jusqu’en 2018 le FSC, bien que selon elle, la certification nécessite des améliorations liées notamment au contexte politique des pays où les bois sont extraits, ces pays ne répondant pas toujours à des normes de démocratie et de transparence.
Greenpeace recommande donc de réduire sa consommation en bois et d’acheter quand c’est nécessaire des produits fabriqués à partir de 100% de fibres recyclées et de bois d’occasion. Tous les produits doivent être conçus d’une façon qui doit faciliter leur recyclage. Bien que Greenpeace International ait décidé de se retirer du FSC, elle considère le label plus utile et ambitieux que le PEFC dans le contrôle de la pratique et de la gestion forestière responsable sur le terrain.
Le mobilier en bois
Quelques exemples de mobilier bois éthique distribué : Non jetable en bois certifié FSC, Europe et Nature labélisé, proposant des produits Vegan, Maison Wasabi inspiré du style scandinave, Tikamoon en bois massif, city green pour le balcon ou le jardin et AM.PM de La Redoute qui propose du mobilier labellisé épuré.
Pour les autres matériaux...
On pourra se tourner vers des matériaux plus atypiques comme le carton ou le liège ! Une marque que j’aime beaucoup, Stooly réalise une gamme de meubles en carton qui se plient et se déplient, entièrement recyclables. L’entreprise va plus loin en s’associant à une pépinière de reboisement Reforest’Action.
Avant de nous quitter, je voulais vous faire part d’une découverte, lue sur le blog la révolution des tortues, il s’agit de Blooow, purificateur d’air qui absorbe les COV grâce au charbon actif qu’il contient. Solution intéressante, si vous avez déjà acheté vos meubles neufs.
J’espère que ces quelques conseils et avis vous aideront à faire de vos micro logements de vrais cocons où il fait bon vivre ! N’hésitez pas à commenter !
2 commentaires
tina
Article très interessant!
Ping :