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Ethique et Toc

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Ces dernières années, nous entendons fréquemment le mot « éthique » dans de nombreux domaines aussi bien alimentaire que vestimentaire. Mais qu’est-ce que l’éthique ? Et quel est réellement son sens dans la société actuelle ?

Si je devais définir l’éthique je dirais qu’il s’agit d’une distinction du bien ou du mal des actions, des personnes ou des choses. Je pense pourtant que plusieurs définitions du mot sont possibles, qu’il s’agisse d’une éthique des vertus d’inspiration aristotélicienne ; ou encore d’une éthique déontologique d’inspiration kantienne, toutes semblent converger vers un devoir de moral.

 

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette résurgence de l’éthique dans les discours ambiants des sociétés occidentales. Une disparition des modèles de transmission des valeurs morales dans le service public ou en entreprise, la montée de l’individualisme ou encore une gestion sauvage et inéquitable des finances publiques à travers l’exacerbation du néolibéralisme.

On peut alors se demander comment associer Étique et système Capitaliste et comment retrouver une cohabitation fondée sur un respect mutuel entre les individus ?

Le greenwashing ou l’éthique comme outil marketing

Devenue le slogan incontournable de certaines grandes enseignes, l’éthique devient la valeur clé pour attirer de nouveaux consommateurs soucieux de leur environnement et qui veulent améliorer la qualité de leur consommation. Malheureusement, cela se résume bien souvent à du Green Washing, technique de verdissage donnant une image éco responsable trompeuse à une enseigne, quand bien même l’organisation de sa production reste très criticable. C’est le cas notamment de Zara, leader de la Fast Fashion qui ambitionne d’avoir des collections en matières 100% recyclables d’ici 2025. A ce sujet, je vous invite à regarder l’excellent documentaire sur Netflix « The true cost » qui dépeint les conséquences dramatiques de la Fast Fashion sur les personnes exploitées et sur l’environnement.

Au quotidien les opérations de transition écologiques commencent à se développer, mais certaines se heurtent encore à un traitement de surface des problèmes. Après l’interdiction des sacs en plastique à usage unique depuis 2015, on retrouve dans nos rayons des sacs biodégradables, de belles trouvailles qui ne résolvent pas le problème de fond, la pollution. Car bon nombre de ces sacs finissent en incinération ou en décharge comme les autres ordures ménagères. Biodégradable n’a que peu de signification car tout est relatif aux conditions de biodégradation. Un sac biodégradable en milieu marin peut ne pas l’être dans le sol et inversement et ce plastique peut mettre 400, 500 voir 1000 ans pour se biodégrader. Il faut donc un développement de la filière de traitement des déchets qui se biodégrade et un encadrement plus accentué des consommateurs de leur gestions des déchets.

Les limites de l’éthique, le commerce équitable

Comment aborder l’éthique sans évoquer son corollaire, le commerce Équitable. Il représente pour moi l’un des exemples les plus les plus probants de l’incompatibilité avec le modèle économique Capitaliste. Après son essor en 1988 avec la création du label de commerce équitable Max Havelaar, le commerce Équitable s’est imposé pour de nombreuses marques. Il réduirait les inégalités entre producteurs et commerçants avec un système d’échange plus équitable entre les deux parties et une responsabilisation du consommateur. Les consommateurs sont ainsi rassurés à la vue du petit logo Max havelaar sur leur chocolat, garant du respect de l’agriculteur producteur à l’autre bout du monde.

 

« A travers le monde, les acteurs du commerce équitable s’efforcent de construire les fondations d’un commerce plus juste par des partenariats équitables au Sud et au Nord et par des actions de sensibilisation, de promotion et de plaidoyer au Nord »

Mais cette approche n’est-elle pas biaisée lorsque les pays du Sud ciblés ne sont pas démocratiques et que les politiques locales ne vont pas dans le sens d’un développement durable économique et sociale. C’est le problème de nombreux pays Africains et notamment de la côte d’Ivoire avec l’exportation du Cacao.

Dès les années 1980, les programmes d’ajustement structurel exigent des anciennes colonies de se spécialiser dans une monoculture d’exportation au détriment des cultures vivrières qui permettaient l’autosuffisance alimentaire, principale source de devises aptes à être dédiées au paiement de la dette coloniale. Mais en réalité cette spécialisation existait déjà pendant la colonisation, Dès 1928 le cacao constitue le premier poste des exportations.

 

Avec ces politiques imposées au fil du temps, la Côte d’Ivoire est devenue le premier producteur et exportateur mondial de cacao dont presque l’intégralité part à l’exportation, principalement vers l’Europe et les États-Unis, laissant environs 5% de bénéfices au pays Africain. La libéralisation de la filière cacao, exigée par les institutions internationales, conduisent à un diktat par les multinationales du prix d’achat et des conditions de l’ensemble de la filière. Le prix d’achat en bourse est divisé par deux pour les agriculteurs et les exportateurs locaux disparaissent progressivement. Appauvri par le système de dette coloniale et gérés par des gouvernants locaux soumis à ces multinationales étrangères pour asseoir leur présence et leurs politiques, la Côte d’Ivoire, perd alors toute souveraineté et demeure à la merci des créanciers et des fluctuations du marché.

Comment se positionner

Nous sommes donc confrontés aujourd’hui à une éthique utilisée par certaines grandes entreprises comme outil marketing au service d’une idéologie Néolibérale. On ne peut comprendre que Nestlé géant de l’agro-alimentaire dont les pratiques commerciales ont un effet dévastateur sur les économies locales africaines, puisse revendiquer un partenariat avec Max Havelaar, leader du commerce équitable. La question de l’éthique pour être efficace et pertinente doit être gérée à une échelle locale par les gouvernants des États producteurs concernés. Des subventions doivent être apportés aux artisans et agricultures pour être compétitifs à une échelle supranationale, sans renoncer à la qualité de leur production.

 

A notre échelle de consommateur, nos reflexes doivent être de nous tourner en priorité vers les producteurs locaux lourdement désavantagés par des multinationales mieux équipées. Pour les amateurs de chocolat les alternatives sont moins nombreuses, mais certains pays Africains comme Le Ghana produisent aujourd’hui leur chocolat .

En ce qui concerne les vêtements, de nombreuses marques Made in France ont émergé, elles favorisent une production avec des matières de qualité et plus écologiques. De nombreux sites sont présents sur la toile pour vous aiguiller, je citerai notamment la révolution des tortues dont le contenu très riche permet de découvrir de nombreuses alternatives de consommation éco responsable pour toutes les bourses.

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