essais

Le consumérisme

Boy Watching Television

Getty images, Tony Cordoza

Nous vivons en fonction de l’espace nécessaire à nos possessions au lieu de vivre dans un espace qui nous ressemble. Ce constat, je l’ai fait très récemment, je vivais alors entourée d’un amoncèlement de paires de chaussures, de vêtements et autres objets qui m’étaient devenus indifférents pour la plupart : « Cette robe, je ne l’ai portée qu’une fois, ce vase je le déteste mais c’est un cadeau, et cette veste je ne me souvenais même plus l’avoir achetée ». Pourquoi m’imposer ces choses si cela ne m’apportait aucune satisfaction au quotidien ? Nous ne laissons pas entrer n’importe qui chez nous, mais nous acceptons des objets et des discours auxquels nous sommes indifférents ou hostiles.

Ma réflexion me conduit à une piste: 

Le conditionnnement

Nos habitudes de consommation sont souvent guidées par un long et subliminal appel à consommer qui débute dès l’enfance et crée avec le temps, des automatismes inconscients. Combien de fois était-on assis devant un film de dessins animés quand, soudainement ce moment d’abstraction et de quiétude fut interrompu par des gâteaux jaunes fluorescents stars incontestées de la cour de récré ou de nouvelles poupées à grosse tête trop fashion. Et lorsque nous avions cette poupée ? Nous voulions le sac à main et les petites chaussures qui lui iraient si bien. Au travail, à l’école, dans la rue, nous sommes continuellement en proie à des messages et des signaux s’apparentant à de la propagande politique d’un autre temps : 

                                                  

" Achetez! Cela vous rendra heureux!"

Sans le savoir nous développons des automatismes et ces messages deviennent notre rempart.

 Quand mes études se sont terminées, de nouveaux horizons d’opportunités se sont dessinés et presque aussitôt le Trailer de la consommation s’est déroulé : un emploi, avant tout très bien rémunéré, un nouvel appartement avec de nouveaux objets qui reflèteront ma nouvelle position sociale, de nouveaux vêtements pour ne plus ressembler à une étudiante, un beau sac à main pour faire illusion, un nouveau mobilier et une voiture flambant neuve ! Avec le recul je comprends que ces projections sont la conséquence d’un intense lavage de cerveau. L’intégration du message de ces innombrables publicités où des hommes et des femmes au brushing impeccable et aux dents scintillantes rejoignent en BMW leur emploi dans une multinationale. La success story, la réussite sociale c’est donc cela ?
Pourquoi donc cette insatisfaction et cette sensation d’être passif face à ce qui devrait nous rapprocher du bonheur ?                                                           

 Ainsi il se dessine
Tapis dans l’obscurité
Compagnon de fortune
Garant de vices inavoués
Jamais repu, il dévore aveuglement
Jamais patient, l’avidité est son tourment
Profitons maintenant, demain ça ira mieux
Mais le ventre lourd et les poches vides, seront nous vraiment heureux?
Coup de coeur du jour
Indifférence du lendemain
Devant l’écran il exulte
Après la caisse il s’éteint
Le consumérisme vous tend les bras
L’insatisfaction est au bout du chemin

 

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